Rappelons les faits !
La Commission Européenne par la voix de Monsieur Patrick Child, haut fonctionnaire de la Direction Générale de l’Environnement, Directeur Général adjoint en charge de « la pollution zéro, résilience de l’eau et transition urbaine verte », de la « Biodiversité » et de la « diplomatie verte et multilatéralisme » a formulé à la CoP 20 de la CITES, la proposition 35 qui vise à étendre l’inscription de toutes les anguilles à l’annexe II de la CITES pour (nous dit-on) « harmoniser la gestion du commerce de toutes les anguilles au sein d’un système de gestion unique garantissant que le commerce international n’ait lieu que lorsqu’il ne menace pas la survie de l’espèce ».
C’est cette même DG Environnement qui, ignorant, l’avis du Parlement Européen sur l’évaluation du règlement anguille 1100/2007 avait proposé que l’anguille européenne soit classée à l’annexe I de la CITES, c’est à dire interdisant tout commerce de l’espèce et donc toute pêche.
L'AFPMAR a dit tout le mal qu'elle pensait, au vu de l'expérience française, de cette proposition.
Dans un précédent article intitulé « Une fausse bonne idée: l’inscription de toutes les anguilles à l’annexe II de la CITES » (Une fausse bonne idée: l’inscription de l’ensemble des anguilles à l’Annexe II de la CITES. – Anguille Responsable ) , l’AFPMAR considère que l’inscription de l’anguille européenne à l’annexe II de la CITES a été un poids mort pour la pêcherie civelière française ( L’inscription de l’anguille européenne à la CITES : un avantage ou un poids mort pour la pêche française ? – Anguille Responsable ) . L’AFPMAR n’est bien sûr pas contre une protection du marché international qui permet au moins de mieux identifier la grandeur du trafic illégal, mais cette inscription n’a pas permis depuis 2009 de limiter ce trafic. Pire il constitue un argument utilisé par de soi-disant ONGs environnementales pour demander l’arrêt de la pêche professionnelle et légale et valide les velléités de la Commission Européenne pour instruire à charge contre le secteur de la pêche française.
Il est temps que la Commission Européenne et plus particulièrement la DG Environnement arrête de prendre les pêcheurs français pour des imbéciles. Personne n’est dupe de la volonté de la Commission de protéger une filière anguille en Europe dont elle a voulu la disparition en proposant de classer l’anguille européenne à l’annexe I.
La réalité des faits conforte également notre suspicion sur la véritable motivation de cette proposition quand on voit l’utilisation faite par la Commission Européenne de l’inscription de l’anguille européenne à l’annexe II en bloquant totalement le commerce légal de la civelle vers les marchés asiatiques; commerce pourtant autorisé pour les espèces inscrites à l’annexe II de la CITES (voir expédition des anguilles européennes sur les marchés asiatiques par les pays du Maghreb sous mandat CITES). Que l’on ne vienne pas nous sortir de pseudos arguments du genre: ‘c’est trop compliqué de démontrer l’effet non préjudiciable du commerce international » car la réglementation française avait anticipé cette objection en instaurant : un quota de consommation et un quota de repeuplement . Que l’on vienne pas nous dire qu’il est difficile de montrer le caractère non préjudiciable de l’effet du commerce international si l’export vers les marchés asiatiques sont faits sur le quota de consommation fixé de manière indépendante de la profession .
Le résultat est parlant la pêcherie civelière française qui valait en moyenne de 1996 à 2007 : 57 millions d’euros n’en vaut plus que 17 millions en moyenne après son inscription à la CITES en 2009. L’inscription à l’annexe II de la CITES utilisée souvent à mauvais escient n’est pas un avantage pour les petites communautés de pêcheurs artisans , bien au contraire!
Heureusement le bon sens l'a emporté.
La proposition 35 présentée par la Commission Européenne avec l’appui de certaines structures qui semblent oublier que sans pêche civelière il n’y a pas de filière d’élevage en Europe, a été à juste titre rejetée.
L’inscription du genre anguilla à l’annexe II de la CITES risquait de « pousser » l’anguille européenne vers l’annexe I quand on voit l’acharnement avec lequel la DG Environnement contraint le secteur de la pêche européenne de l’anguille à l’encontre de l’avis du Parlement Européen.
L’inscription de l’anguille européenne à l’annexe II de la CITES n’a pas diminué son trafic illégal. Il est probable que cela l’a amplifié. Cela n’a pas résolu non plus le problème de la dégradation des habitats, du déficit de continuité écologique, problèmes auxquels la DG Environnement ferait bien de s’attaquer sérieusement au lieu d’utiliser la pêche comme variable d’ajustement aux pillages des environnements aquatiques par les usages autres que la pêche.
Ceci a conduit à fragiliser grandement le secteur de la pêche de l’anguille qui se meurt peu à peu en France et la réalité des faits nous conduit à penser que l’inscription de l’anguille européenne à l’annexe II de la CITES a grandement contribué directement ou indirectement à cet état de la situation économique et sociale de cette filière.