Association Française pour la Promotion de la Marque "Anguille Responsable"
Mettre en place une marque collective Anguille Responsable pour contribuer à pérenniser socialement et économiquement cette activité de petite pêche, source de production halieutique locale de grande diversité et de qualité.
Premier constat:
cette activité est vilipendée par de nombreuses associations dites environnementales et présentée souvent sous l’angle d’une activité illégale et destructrice traquant « l’or blanc » (la civelle) sans vergogne. D’où la nécessité de rétablir les faits, ce que l’AFPMAR s’emploie à faire à partir d’arguments étayés et issus d’une documentation technique et scientifique officielle et validée.
Second constat:
Compte-tenu de la dégradation parfois irréversible des habitats aquatiques nécessaires à l’espèce pour se maintenir, les savoirs et savoir-faire des pêcheurs professionnels seront indispensables pour restaurer cette ressource. D’où la nécessité de conserver ce patrimoine technique et de ne plus considérer que la diminution des effectifs des communautés de pêcheurs constitue un des éléments forts d’un plan de gestion, mais a contrario un frein à la restauration de nos écosystèmes aquatiques.
Troisième constat:
Le transfert de civelles de la zone centrale de l’aire de répartition vers des zones périphériques moins irriguées par les flux de civelles ou d’anguillettes est une activité ancienne et un des éléments forts du plan de restauration de l’espèce défini par le règlement 1100/2007. Il importe de l’intensifier tout en développant les études pour optimiser la survie des individus transférés.
Quatrième constat:
Les principaux pollueurs et destructeurs ne sont pas les payeurs. Les seuls qui ont payé l’ardoise de la dégradation environnementale sont les pêcheurs professionnels qui dépendent directement de la productivité de l’environnement. Pourtant leur activité est nécessaire à la survie de la filière anguille en Europe dont l’élevage et la valorisation se sont bien structurés à la suite de la mise en place du règlement UE 1100/2007. Il importe donc de rétablir l’équilibre au sein de cette filière en permettant au secteur de la pêche d’avoir un marché plus ouvert et plus dynamique au niveau du repeuplement et de faire payer les nombreux usages qui font des dépenses inconsidérées de Nature, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.
L’anguille européenne (Anguilla anguilla) est classée dans la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) en danger critique d’extinction.
En 2019 l’UICN communiquait » Neuf ans après le premier état des lieux, la situation de l’espèce reste toujours préoccupante ». Selon l’UICN « la destruction et la dégradation des milieux naturels constituaient les principales causes de diminution des espèces, notamment des espèces de poissons migrateurs amphihalins. La dégradation de leurs habitats et les barrages compromettent leur périples migratoires vers les zones de reproduction ».
Ce constat est amplement partagé par les pêcheurs professionnels maritimes et fluviaux qui n’ont cessé de dénoncer ces dégradations multiples des habitats de l’espèce. La destruction des zones humides, des berges végétalisées, les nombreux obstacles à la migration à la montée comme à la dévalaison, l’endiguement des estuaires pour se protéger contre les inondations, le drainage, l’utilisation de plus en plus intense des ressources en eau pour des besoins urbains, touristiques et industriels, les pollutions organiques, biologiques et chimiques ont eu raison d’une espèce qui était considérée en France par les gestionnaires de la pêche de loisir comme une espèce nuisible dans les eaux à salmonidés.
Et pourtant force est de constater que les gestionnaires, aux échelles nationales et européennes, ont souvent considéré la pêche professionnelle comme une variable d’ajustement aux errements des autres acteurs qui utilisent sans discernement l’eau comme un bien inépuisable et considèrent les habitats aquatiques comme des zones sans valeur à conquérir.
Le bon sens nous indique cependant que l’on « ensemence pas un champ en friche » et qu’en réduisant les habitats aquatiques comme notre société l’a fait, on ne peut guère espérer conserver en l’état les ressources qu’ils hébergent. Il ne faut pas se leurrer : ce n’est pas en éradiquant la pêche que l’on peut résoudre les atteintes physiques et chimiques à l’environnement ni faire réapparaitre les zones humides.
L’arbre à anguilles qui est issu du programme INDICANG ( Indicateur de colonisation de l’anguille dans la partie centrale de son aire de colonisation) schématise très bien le fonctionnement de la population d’anguilles à l’échelle de son aire de distribution. Chaque feuille de l’arbre matérialise une unité de production et l’importance du feuillage matérialise la taille de la population. L’on comprend aisément qu’à force d’effeuiller l’arbre et de tailler dans sa ramure, on diminue sa vigueur.