Ce n'est pas du 49.3, mais cela y ressemble !
Après une discussion en forme de mascarade pour l’établissement du quota pour la prochaine saison de pêche à la civelle, l’administration de tutelle vient d’accoucher d’un décret qui fixe pour les deux prochaines saisons de pêche la quantité de civelles à capturer qui sera de 55 tonnes pour la prochaine saison et de 43 tonnes au mieux pour la saison 2026 – 2027.
Au mieux car la lecture de l’article 1 de l’arrêté de cette année nous laisse songeur et ne cesse de nous inquiéter.
L’article 1 dit en effet ceci: « Au regard de l’avis du comité scientifique rendu en date du 11 juillet 2025, une trajectoire de réduction du quota d’anguilles de moins de 12 centimètres et sa répartition sont fixés pour la saison 2025-2026 et la saison 2026-2027. Le quota alloué et sa répartition au titre de l’année 2026-2027 peuvent être mis à jour pour tenir compte de l’avis rendu par le comité scientifique en 2026 et de l’actualisation de la liste des adhérents de l’OP Estuaires et des navires non adhérents de cette OP tel que précisé à l’article 4 du présent arrêté« .
Or, c’est bien là que repose tout le problème, le rapport du CS fait semblant de prendre en compte les données de la pêcherie française en les utilisant uniquement de manière qualitative pour faire bouger quelque peu les estimations de l’année (n) par rapport à l’année (n-1).
Ce rapport est en outre complètement à charge contre la profession puisqu’il ne prend même pas en compte la diminution conséquente de l’effort de pêche qui est depuis 2019 supérieure à 56%, chiffre limite qui d’après les membres du Comité scientifique rend la définition d’un quota non utile ! Cerise sur le gâteau : pour le comité scientifique une civelle relâchée dans le milieu et une civelle destinée à la consommation ont la même survie !
Devant ces affirmations et croyances qui n’ont rien à voir avec de l’expertise scientifique alors que parallèlement en France comme en Europe de nombreux résultats montrent que la civelle transplantée produit de l’anguille jaune et argentée et que ces anguilles argentées migrent vers la mer de la même façon que les autres. Enfin, les observations effectuées par les professionnels sur la Loire notamment posent question sur les capacités de production et d’accueil des parties inférieures des estuaires pour la production d’anguillettes et d’anguilles jaunes à partir des civelles naturellement recrutées.
Une administration de tutelle qui, sans raisons objectives, provoque la faillite de l'économie des petites pêches continentales, estuariennes et côtières.
L’administration ne peut plus continuer à brandir un rapport d’expertise qui ne repose pas sur les meilleures observations et analyses pour imposer des compromis qui ne satisfont personne. Il est évident que l’administration se sert de ce rapport pour conforter une position décidée à l’avance: disparition à terme des communautés de pêcheurs professionnels dans les eaux continentales, estuariennes et lagunaires.
La pêche a atteint les objectifs qui lui ont été assignés, mais pas les autres usages conformément au plan de gestion qui a été approuvé par l’Union Européenne et les services de la Commission. L’administration le sait bien, mais continue à s’acharner, sous la pression d’ONGs qui ne peuvent même pas étayer le moindre de leurs dires, sur des pêcheurs dont l’activité est partie intégrante de nos patrimoines territoriaux.
Nous demandons avec insistance qu’une analyse objective et partagée par l’ensemble des parties soit faite pour mesurer l’impact des principaux usages sur cette ressource: pêche professionnelle et de loisir, continuité écologique, production d’hydro-électricité, contamination biologique et chimique, perte d’habitats.
Parallèlement, il est indispensable que soit mis à plat les blocages actuels concernant le marché de la civelle et de l’anguillette en Europe. Sur ce point, les pêcheurs français, souvent présentés comme des braconniers et des profiteurs par certaines structures, sont encore les « dindons de la farce ».
Une définition des volumes de captures qui ne doit pas se faire à la dernière minute et autour d'une pseudo-concertation
L’AFPMAR ne cesse de le dire: on ne peut inféoder l’avenir de beaucoup d’entreprises de pêche autour d’une discussion d’une demi-journée pour définir un volume de captures quasiment décidé par l’administration en fonction de la pression médiatique. On ne peut s’appuyer uniquement sur un rapport d’expertise qui ne fait aucunement l’unanimité sur les méthodes et observations prises en compte. Il faut donc complètement changer la façon de voir les choses et en particulier refaire l’analyse à partir des séries de captures et d’efforts qui sont répertoriées dans les journaux de pêche et reconstruire les séries qui étaient déjà existantes dans les années 2000 sur les principaux bassins versants. C’est dans ces conditions que l’on pourra réellement rapprocher les observations et les savoirs et progresser, tous ensemble, vers une restauration de cette ressource.