Un peu d’humilité ne ferait pas de mal à certains !

La définition annuelle des quotas de civelles: le moment de faire de la pub pour certaines associations afin de réclamer quelques sous !

Comme à son habitude, la Ligue pour la Protection des Oiseaux par la voix de son très médiatique président Monsieur Allain Bougrain-Dubourg réclame un moratoire sur la pêche de l’anguille.  Comme a son habitude, ce type d’association parle pour occuper un espace médiatique et ne fait avancer rien !

On sait qu’un moratoire sur la pêche de ce type d’espèce: anguille, saumon, truite de mer, aloses et autres poissons migrateurs n’aboutit qu’à satisfaire des personnes qui pensent que le problème peut être résolu en excluant des petits pêcheurs qui subissent la dégradation d’un environnement aquatique dont peu d’ONGs se soucient véritablement. Les moratoires sur le saumon de La Loire, sur l’alose de la Gironde, de l’anguille sur une grande partie de l’axe Rhodanien n’ont servi qu’à cacher sous le tapis les véritables problèmes que les pêcheurs professionnels comme les pêcheurs de loisir,  ne cessent de pointer du doigt et qui ont affaibli les capacités de résilience de ce type de populations de poissons dont l’anguille, espèce pourtant robuste. Ainsi, canalisation des estuaires, protection accrue contre les inondations,  défaut de continuité écologique, disparition de nombreuses zones humides (seuls 38% des habitats de l’anguille en Méditerranée sont maintenant colonisables de manière naturelle), pollutions organiques et chimiques maintes fois dénoncées, systèmes de collecte des eaux usées insuffisamment séparatifs de ceux des eaux pluviales… sont des pressions autrement plus fortes que celle maintenant exercée par la pêche. 

Mais la palme de l’hypocrisie revient à Ethic Océan qui utilise un biophysicien très médiatisé et doté de quelques talents pour passer dans les médias afin de nous donner un petit cours de biologie sur l’anguille pour les « nuls » que nous sommes, sans doute,  et pour réclamer à la fin dans les 3 choses à faire : « soutenir Ethic Océan ». 

Ce qui est révélateur de cette association, c’est qu’elle ne parle, au moins sur ce sujet, qu’en « l’absence de connaissances de cause », jusqu’à aller piocher dans les archives de FR3 Bretagne pour agrémenter sa vidéo de scènes de pêche en Loire, pêcheries civelières qu’ils n’ont même pas eu la curiosité d’aller voir sur le terrain . Bref une belle expertise du type « tout sur la forme et rien sur le fond », pas étonnant que la dégradation des milieux aquatiques que la pêche professionnelle  dénonce depuis plus de 40 ans continue à s’aggraver. 

Et toujours autant d'à peu près !

Non la population d’anguille n’a pas baissée de 90% ou de 95%. Toutes ces ONGs confondent « recrutement en civelles » et « stock en place ».  Actuellement, dans pratiquement tous les pays de l’aire de répartition, les scientifiques sont incapables d’évaluer les abondances d’anguilles jaunes et argentées qui existent dans un grand nombre d’écosystèmes et notamment dans les estuaires, les étendues d’eaux profondes et a fortiori dans les eaux littorales. Sur ce point, il faudra qu’ils demandent de l’aide technique aux communautés de pêcheurs, s’ils existent encore !

La seule information fiable que l’on possédait reposait, avant 2008, sur les captures effectuées par les pêcheurs professionnels dans certains milieux et à différents stades et notamment en France. Elles continuent à être recensées avec précision et fournies à l’administration, mais ne sont plus utilisées par les experts du CIEM pour effectuer leurs analyses. On se demande toujours pourquoi ?

Pour ce qui concerne la courbe de recrutement en civelles qui était le seul indicateur fiable de l’évolution de cette population à l’échelle de l’Europe, les courbes utilisées ne prennent plus en compte, depuis 2008, les captures ni l’effort de la pêcherie française (90% de la production de civelles en Europe). A tel point que l’évolution de la courbe de tendance qui est censée représenter l’évolution de l’abondance de cette population à l’échelle européenne et notamment sur la façade atlantique où se situe la quasi-totalité des captures de civelles est maintenant fortement dépendante de deux séries de données  qui sont situées en Méditerranée: rivière Ebre et lagune d’Albufera ! 

Enfin, arrêtez de parler de surpêche à propos de la pêche civelière et même de manière plus générale de la pêche de l’anguille. Les éléments disponibles montrent que la pêche civelière a un impact très mineur sur la population d’anguilles à l’échelle européenne. Son impact représente moins de 10% des captures d’anguilles jaunes et argentées effectuées en Europe.  C’est le quart des mortalités engendrées annuellement par les centrales hydroélectriques en Angleterre ou en Allemagne ! En France, pas de calcul global de cette mortalité (c’est ainsi plus facile de l’ignorer), mais certaines photos sont éloquentes! Il est vrai qu’il vaut mieux s’acharner sur la pêche c’est plus facile, mais cela n’est pas efficace pour des espèces de ce type vivant dans des écosystèmes si impactés par de nombreux usages dont les empreintes pourraient être minimisées avec un peu de volonté. 

Enfin, dire que le repeuplement ne donne rien, c’est aller un peu vite en besogne. Les contrôles faits depuis de nombreuses années en Europe et ces dernières années en France montrent que l’on produit des anguilles jaunes et argentées capables de migrer avec les individus non transplantés. Certes, il reste à montrer que globalement, la transplantation de civelles est un plus pour la population, mais rien n’autorise à dire comme le font certains scientifiques et détracteurs de la pêche professionnelle qu’une civelle relâchée ne vaut pas plus qu’une civelle consommée pour le devenir de l’espèce. 

A qui profitera la disparition des communautés de petite pêche .

Certainement pas à l’anguille, on l’a vu pour les autres grands migrateurs. Plus de veille environnementale, plus d’observations, plus de collaborations essentielles aux  très nombreux scientifiques avec qui ces communautés travaillent. La porte sera encore plus  ouverte aux pillages des habitats, à l’urbanisation, à une protection sans discernement contre les crues. Mais il y aura surtout pour nos territoires ruraux et littoraux une perte de culture. Et cela nombre d’ONGS soi-disant environnementales s’en moquent !