Le marché du repeuplement plombe encore une fois de plus l’économie de la pêche civelière française.

Une fois encore on a constaté dans les estuaires de la façade atlantique des bonnes voire de très bonnes remontées de civelles. Les quotas par pêcheur ont été atteints souvent rapidement (voir actualités suivantes). 

En début de saison, le prix alloué à la civelle capturée sur le quota de consommation (40% du quota global) est tiré vers le haut par la demande du marché espagnol pour les fêtes de fin d’année (consommation directe), ainsi que le montre le graphique ci-dessous. 

Après les fêtes de fin d’année, le marché est moins concurrentiel et la demande du secteur de l’élevage conditionne le prix qui est revu à la baisse d’environ une centaine d’euros. 

Si la civelle de consommation permet aux entreprises de pêche de vendre correctement leurs captures, il n’en est pas de même pour la civelle de repeuplement qui constitue la plus grosse part du quota alloué (60% du quota total) aux entreprises de pêche françaises (unique producteur en Europe pour le marché du repeuplement). 

La mainmise de plus en plus forte du secteur de l’élevage sur le marché de la civelle de repeuplement aboutit à une diminution très forte du prix, comme le montre la figure ci-dessous. 

Si en France, les pouvoirs publics ont fixé un prix plancher pour la civelle de repeuplement, utilisée en France, de 260 euros au débarquement, on voit que ce prix pour des repeuplements effectués dans les autres pays européens est bien inférieur et en moyenne de moins de 150 euros. 

Ce prix permet de faire à bon compte des lâchers de civelles ou d’anguillettes, ces dernières étant vendues au moins 5 fois le prix des civelles achetées aux pêcheurs. 

Les retombées sur la socio-économie des pêches civelières françaises sont catastrophiques. 

Au prix très bas de la civelle de repeuplement s’ajoute une obligation d’allouer 60% des captures autorisées au repeuplement. 

Pour la saison 2024 – 2025, le quota de repeuplement autorisé par l’administration française  était de 38 160 kg afin de se  conformer au règlement UE 1100/2007 . 

Depuis plusieurs années, on sait que le quota alloué pour le repeuplement est très supérieur à la demande (un peu plus de 28 000 kg pour cette saison). Ceci est lié en grande  partie à l’utilisation de plus en plus fréquente d’anguillettes (dont le prix au kg est beaucoup plus élevé que celui de la civelle) produites par le secteur de l’élevage à partir des civelles françaises.

Les conséquences sur l’économie des entreprises de pêche sont ainsi très lourdes, comme nous le montre le graphique ci-dessous.  

Depuis ces trois dernières saisons on voit que le différentiel entre le prix réellement obtenu en moyenne par les entreprises pour la civelle de consommation (100% du quota consommé) et le prix de la civelle de repeuplement ne cesse de s’accroitre (318 euros pour cette dernière saison) lié en grande partie à un prix de la civelle de repeuplement dérisoire et à une insistance non justifiée de la commission européenne de conserver une clé de répartition 40% consommation et 60% repeuplement) non adaptée à la demande du marché européen de la civelle. 

Ainsi le volume de captures autorisées pour le repeuplement (60% du quota total), ne représente que 28% du chiffre d’affaires total généré par cette pêcherie et évalué à  près de 15 millions d’euros.