Le CIEM à la demande de la Commission Européenne vient de rendre son avis sur les opportunités de captures concernant l’anguille européenne en 2025.
Cet avis est daté du 1er novembre 2024 et bien évidemment compte-tenu des termes de références définis par la Commission: ne regarder que l’aspect pêche et les possibilités de capture pour 2025, c’est un avis analogue à celui donné par le groupe d’experts depuis 2022 : 0 captures.
https://anguilleresponsable.com/wp-content/uploads/2024/11/ele.2737.nea2025.pdf
Il ne s’agit pas ici d’incriminer la qualité des experts qui ont rendu leur verdict selon les termes de références communiqués par la Commission Pêche, mais les termes de la commande annuelle.
Ces termes de références sont clairs et réducteurs : définir l’impact de la pêche sur la ressource et les possibilités de captures pour l’année prochaine, alors qu’il a été dit les précédentes années que les éléments nécessaires n’étaient pas disponibles pour évaluer la population au sens halieutique du terme.
Comme l’indique le document, depuis 2022 et après la demande du CIEM (rapport Biseau et Diaz de février 2021) de mettre la formulation de l’avis en conformité avec la forme classique des avis, l’approche de précaution a été préconisée dans la mesure où les éléments nécessaires à l’évaluation de cette population faisaient défaut et au vu d’une tendance à la baisse d’un indicateur relatif du recrutement en civelles.
En fait rien de nouveau et l’avis pour les années prochaines avec de tels termes de références sera le même: pas de captures !
Cependant, la définition de ces termes de références: se focaliser uniquement sur les effets de la pêche n’est pas conforme avec la vision du Parlement Européen qui avait demandé une approche plus globale telle qu’elle était effectuée par ce groupe de travail de 2007 à 2021: « Tous les impacts liés aux facteurs anthropiques devaient être réduits autant que possible ».
En outre, l’évaluation des plans de gestion devait être effectuée ce qui ne figure nullement dans la commande de la Commission Européenne. La conclusion du rapport Van-Ruyssen, approuvé par le Parlement Européen, demandait une vision plus globale avec une évaluation de l’ensemble des usages qui affectent cette ressource et ils sont nombreux et une analyse claire faite par tous les acteurs impliqués des plans de gestion anguille mis en œuvre par les Etats Membres.
Au lieu de cela on a encore un rapport qui n’apporte rien sauf pour certaines ONGs qui ne désirent qu’une chose: voir disparaitre de nombreux écosystèmes cette petite pêche continentale, estuarienne et côtière. Elles font ainsi le jeu de ceux qui saccagent nos environnements comme en témoigne le dernier rapport de l’Agence Européenne de l’Environnement dont le verdict est clair: seulement 37% des eaux de surface sont en bonne ou très bonne santé écologique !
L’AFPMAR s’insurge contre ces prises de positions clientélistes qui ne prennent en considération que quelques éléments sortis de leur contexte. Nous nous élevons aussi contre une commande de la Commission Européenne au CIEM qui ne cadre nullement avec les considérations du rapport Van-Ruyssen validées par nos parlementaires européens en toute connaissance de cause.
L’expérience montre que pour l’ensemble des espèces migratrices amphihalines, la seule régulation de la pêche sans amélioration de la qualité des écosystèmes et de la continuité écologique n’aboutit à aucun résultat: saumon, truite de mer, aloses, anguille sont des exemples parlants.