Comme promis lors de sa création, l’AFPMAR a finalisé un projet de Livre Blanc qui a été soumis et discuté avec les structures officielles de la pêche: CNPMEM et CONAPPED ainsi qu’avec l’Association ARA France qui coordonne les opérations de repeuplement en France.
Ce livre se veut un document réunissant des éléments factuels sur la biologie, sur la pêche, sur l’environnement et les différents impacts des facteurs anthropiques sur cette espèce qui est à la base de l’économie et du futur des petites pêches littorales, estuariennes et continentales.
Il met en valeur l’impact tout relatif de l’exploitation de cette espèce face aux agressions de nombreux usages en synthétisant des éléments de connaissance fournis à l’Europe, mais non pris en compte par elle pour la gestion de cette espèce.
Contrairement au principe « pollueur – payeur », un des trois grands principes de la Charte de l’Environnement inclue dans le bloc constitutionnel français, les principaux pollueurs ne sont pas les payeurs comme l’indique les éléments contenus dans ce document. En particulier, les promoteurs de grands barrages pour divers besoins à partir du début du 20ème siècle et surtout à partir de la seconde moitié du siècle dernier, ont fractionné et modifié profondément les habitats de cette espèce. Le pillage des zones humides considérées comme des zones à combler et à urbaniser a accentué la diminution de l’espèce aux détriments de ceux qui en vivent et la respectent: les pêcheurs.
Ceux-ci sont les principaux visés pour des raisons de facilité par une administration et des ONGS qui sont dépassées par la complexité de l’enjeu qui est la mise en place d’une approche plus globale de la gestion de l’environnement et non d’une simple approche sectorielle ne prenant en compte que la pêche.
L’analyse des résultats du plan de gestion mis en œuvre par le règlement 1100/2007 montre que la pêche a atteint les objectifs qui lui avaient été assignés, mais pas les autres usages dont les effets et impacts pèsent de plus en plus lourd sur l’environnement non seulement de l’anguille, mais aussi des autres espèces continentales, estuariennes et littorales. Les nombreuses observations sur les mortalités de poissons dans divers écosystèmes, les problèmes sanitaires rencontrés sur les zones ostréicoles, les interdictions de zones de baignade de plus en plus fréquentes sont bien là pour montrer que le devenir de l’anguille et de ceux qui l’exploitent est totalement dépendant du respect de l’intégrité des milieux naturels par les usages autres que la pêche.
Ce Livre Blanc se veut un plaidoyer pour des solutions moins technocratiques et basées sur les savoirs et savoir-faire de ceux qui ont contribué à assurer l’approvisionnement de communautés humaines dans le respect des règles de l’art.