Une forte remontée de civelles sur le bassin de l’Adour

La figure ci-dessus montre la tendance des captures par sortie recensées sur l’estuaire de l’Adour. Cette longue série permet de voir que la hausse du recrutement en civelles observée à partir de la saison 2012/2013 est bien réelle et significative. Elle survient après un creux du recrutement constaté à partir de la saison 2000/2001. Le niveau moyen des captures par sortie effectuées au tamis à main (trait pointillé bleu) est équivalent à celui des saisons de pêche de la décennie des années 90s. Le niveau moyen des captures par sortie au tamis poussé (trait pointillé rouge) reste inférieur à celui observé au cours de cette même décennie, mais très supérieur à celui estimé durant le creux du recrutement. L’explication la plus plausible de cette augmentation est celle d’un effet des restrictions imposées à la pêche des anguilles subadultes (jaunes et argentées) en France et plus largement en Europe dans le cadre des plans de gestion.

Ces données sont robustes et il est bien dommage qu’elles ne soient pas utilisées par les groupes d’experts du CIEM et de la CGPM sur lesquels l’UE s’est appuyée pour contraindre la pêche sous la pression de certains groupes environnementalistes sans avoir pris la peine d’étudier les résultats obtenus dans le cadre des plans de gestion anguille.

Il est important aussi de comprendre, ainsi que n’ont cessé de le dire les pêcheurs professionnels, que sans une amélioration de la qualité des milieux estuariens et de la continuité écologique entre les divers habitats fonctionnels de l’espèce, cet accroissement du recrutement lié aux sacrifices des pêcheurs professionnels ne donnera pas tous les bénéfices escomptés. Il est plus que temps que les gestionnaires européens et nationaux le comprennent car cette politique sectorielle qui prend la pêche comme variable d’ajustement ne peut conduire qu’à la disparition d’une activité de petite pêche responsable et importante pour l’économie des territoires et à terme à un appauvrissement durable d’une ressource biologique qui ne peut prospérer sans une prise en compte sérieuse de la restauration de ses habitats pillés par les usages autres que la pêche.

La tendance à la hausse de cet indicateur d’abondance observé sur le bassin de l’Adour est conforté par de nombreuses observations effectuées indépendamment sur des structures de comptage existant sur d’autres bassins versants : comptage de civelles ou bien d’anguillettes.