Réponse du Commissaire Européen à l’Environnement et aux Affaires Maritimes à la lettre des Présidents des structures officielles de la pêche professionnelle sur l’anguille.

Dans sa réponse aux organisations de pêche et de producteurs européennes, sur la question de l’anguille (voir actualité: « Réponse de la pêche professionnelle Européenne aux propositions de la Commission concernant l’anguille »), le Commissaire Européen a un peu oublié un point fondamental et qui pourtant constitue la base de tout ensemencement : on ensemence pas un champ en friche !

Les plans de gestion et de restauration de l’anguille ne peuvent donner des résultats à la hauteur des sacrifices consentis par la pêche professionnelle que si les milieux de production qui reçoivent les juvéniles voient leur productivité améliorée, si la continuité écologique est bien rétablie et l’accès aux habitats continentaux de l’espèce facilité. Or ce n’est pas le cas malgré les avertissements et alertes des pêcheurs professionnels depuis plus de 30 ans !

Dans votre réponse (voir traduction ci-dessous), Monsieur le Commissaire, vous concluez : « Permettez-moi enfin de vous rassurer : mes services ont très bien compris votre message, à savoir qu’il y a des mortalités importantes pour les anguilles en dehors des pêcheries. Nous prenons cela à cœur, cela est reflété également dans la déclaration commune, et nous travaillerons avec tous les États membres concernés pour faire face à ces mortalités dans les eaux intérieures, car cela est crucial pour les mesures de reconstitution du stock d’anguilles. » C’est un discours que nous entendons depuis plus de 20 ans à différentes échelles: régionale, nationale et maintenant européenne avec pour résultat des directives cadres : DCE, DCSMM, DHabitats indispensables à la restauration de cette espèce et dont les objectifs sont constamment repoussés et une qualité de nos écosystèmes aquatiques qualifiée par l’Agence Européenne de l’Environnement de plus que préoccupante. Triste bilan de nos gestionnaires! Les professionnels de la petite pêche continentale, estuarienne et côtière le voient bien et constatent de plus en plus qu’ils ne servent que de variables d’ajustement à l’absence de politique environnementale et de protection des milieux qu’ils exploitent et exploitaient depuis des lustres.

Alors relevons ce défi déjà en établissant un bilan objectif et non tronqué de la situation non seulement pour l’anguille, mais aussi pour toutes les espèces qui ont besoin d’un minimum de qualité des milieux aquatiques continentaux et d’interface en arrêtant de se baser sur des expertises qui n’utilisent même pas les meilleures données ni les meilleures techniques pour évaluer ces populations ce qui est  contraire au principe de prévention.