Le nouvel avis du CIEM (Conseil International pour l’Exploration de la Mer) pour 2023 vient d’être publié. Pas de surprise à attendre: en l’absence de données concernant l’évaluation de cette ressource et sur la seule tendance du recrutement en civelles, le groupe d’expertise conformément à l‘approche de précaution (à ne pas confondre avec le Principe de précaution) conseille d’interdire toutes pêches sur l’anguille y compris celles destinées au repeuplement et à l’élevage. Une seule action de pêche trouve grâce aux yeux du groupe de travail, celle destinée à faciliter le passage des anguilles en amont des obstacles sous réserve que la migration des anguilles argentées vers l’aval soit assurée.
Si le groupe de travail demande à ce que les mortalités anthropiques autres que la pêche soient réduites à zéro, que les habitats aquatiques soient restaurés et que la continuité écologique soit améliorée dans le cadre des directives cadres eau, stratégie pour le milieu marin et habitat, il ne s’agit que d’un vœu pieu, puisque le CIEM n’a aucune autorité en la matière, et qui n’aura évidemment aucun impact sur la continuité de la dégradation de nos écosystèmes aquatiques.
On peut déplorer, en outre, que les bases scientifiques sur lesquelles s’appuie le groupe de travail soient peu fiables et étayées par des données qui se dégradent de plus en plus alors que celles-ci existent et sont fournies par les pêcheurs professionnels. Aucune donnée n’est fournie par la France alors que celles-ci sont parfaitement répertoriées, ce qui donne de plus en plus de poids aux séries de données collectées en dehors de la partie centrale de l’aire de répartition (golfe de Gascogne) qui est la première à bénéficier des amélioration constatées sur le recrutement (voir tendance des captures par sortie sur l’Adour par exemple).
Une fois de plus ce type d’avis beaucoup trop sectoriel utilise la pêche comme une variable d’ajustement et cautionne indirectement l’inertie de nombreux gestionnaires dans la protection de nos environnements aquatiques.